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Spleen
Les Fleurs du Mal
Introduction
Baudelaire, à partir du milieu du XIX ème
siècle, met en forme le style qu'est le
symbolisme. Il en est le maître incontesté,
et Rimbaud ira même jusqu'à le qualifier
de " dieu ". Baudelaire crée donc
cette école nouvelle, mais est encore grandement
inspiré par le romantisme dont il s'inspire.
Le symbolisme est l'ext ériorisation de
ses sentiments.
Baudelaire,
et ce texte le prouve encore, possède
une vision platonicienne de l'univers.
Ici, Baudelaire
exprime le " Spleen ", écrit en 1857.
Ce texte exprime le mal de vivre, l'ennui, la neurasthénie. C'est
une angoisse.
Le poème étudié est un poème formé de
5 quatrains, en alexandrins.
Baudelaire exprime
ici son angoisse, mais l'exprime à sa façon.
On peut alors poser la problématique suivante : " Comment
le mal peut-il être transcendé en fleur et s'inscrire dans
un poème Baudelairien ? "
Pour cela, on utilisera 3 axes, qui sont :
·
Le tableau d'une dépression,
· la peinture de l'angoisse,
·
l'apogée de la crise.
afin de répondre à la problématique.
I/
Le tableau d'une dépression
..1. La Lenteur
On remarquera premièrement une lenteur rythmique, avec l'utilisation
du tétramètre sur l'ensemble du texte. Il est régulier,
de marche et de mise en place, associable à un défilé.
Le poète a voulu allonger le temps, par une lenteur envahissante
qui étale la première phrase sur les quatre premiers quatrains,
afin de créer une attente, une tension.
..2. La progression
On remarquera une progression sensible dans la mutation
des pronoms : l'expérience est partagée, et on tombe
vers un aveu d'intimité.
C'est le passage
de l'humanité au poète. Le sort du poète
semble encore plus désespéré que celui de l'humanité.
Ce sort est vécu beaucoup plus intensément par Baudelaire.
Au
vers 18-20, on relèvera " mon ", qui désigne
le poète.
De plus, l'enterrement spécifié à la fin du texte
peut très bien être le sien.
Cette
progression incertaine mêlée à la lenteur
apporte au poème l'angoisse que Baudelaire lui confère,
lui et ses idées.
II/
Un poème lyrique
..1. La Tristesse
La mélancolie, la tristesse, le désespoir et la détresse
sont exprimées par un choix de couleurs, entre autre, avec la dominance
du noir tout le long du texte, et qui clôture même ce poème,
en un mot final et sombre.
Dans ce tableau macabre, l'auteur évoque plus particulièrement
la tristesse, qui est la traduction litt érale du mot " Spleen ".
On
relèvera des termes, un champ lexical de la tristesse, avec
des mots comme " gémir, ennui, triste, affreux, corbillards,
pleure ", .
L'auteur,
triste, se sent alors enfermé dans son malheur, qu'il
exprime alors avec une absence de liberté.
..2. L'absence de liberté
On ressent un très grand enfermement du paysage intérieur et
extérieur, d'où l'image de la prison exprimée en une métaphore
filée : c'est une aliénation.
Cette métaphore se poursuit dans les 3 dimensions
:
- le ciel, avec la comparaison à un couvercle, symbolisant un
cercueil, et l'image de " se cogner la tête à des
plafonds pourris ",
- la terre, avec le " cachot humide ", donc l'enfermement,
qui amène vers une bassesse de l'humain, et le terme " au-fond ",
-
les latéraux, avec les " murs ", " les filets ",
et les traînées verticales de la pluie symbolisant les
barreaux d'une prison, au 2ème paragraphe avec tout de même
un renforcement grâce au mot " barreaux ".
Baudelaire ne se contente plus de décrire mais
de peindre.
Cette absence de liberté amène l'angoisse au sens propre.
..3. L'angoisse
De
nombreuses images, comparaisons et allégories font basculer
le lecteur vers une atmosph ère fantastique, angoissante.
Cette
angoisse est introduite, dans les 3 dernières strophes
avec la notion de claustrophobie inhérante à la précédente
référence.
Cette claustrophobie est
vécue grâce à l'image
de la " chauve-souris qui se cogne à des plafonds pourris ".
Au
5éme paragraphe, les sons longs en " en " et " on " éternisent
l'angoisse.
Au vers 15, par exemple, " esprits errants " est une image
dépréciative qui s'y rapporte.
L'oxymore " jour noir " transforme peu à peu
cette angoisse en un ersatz d'apocalypse.
Les
allégories comme " Espérance, Espoir, Esprit ",
avec une majuscule, sont des principes inhérants aux hommes.
Cela exprime donc ici la misère morale, l'angoisse.
Cette
claustration angoissante, sensation morbide, avec
l'accentuation de la mort à la fin cache derrière ce décor sombre
le cheminement du poète
et des hommes.
III/
Apogée de la crise
La crise atteint ici son apogée, et nous voyons un apocalypse
naissant, et l'effondrement des valeurs du poète.
..1. L'apocalypse
Cet apocalpse se structure en 2 temps :
- le temps sonore
: le poète recherche ici la cacophonie par
de très divers sons désaccordés.
Le hiatus entre autres est synonyme de laideur, avec " affreux hurlement ".
On remarquera aussi une diérès à " opiniâtrement ",
sur le " a ", que Rimbaud voit noir.
Les assonances en " i " imitent le bruit strident des cloches.
Les allitérations en " k, l, s, r " à la 4ème
strophe sont imitatives du bruit des cloches, bruit strident des " cloches
qui sautent ", et avec le mot " furie ", caractérisent
les sorcières, harpies de la mythologie grecque, d'où le mal,
un apocalypse bondissant uqi envahit allègrement le texte.
-
le temps visuel : on remarquera une cessation de musique, avec l'arrivée
d'une laideur visuelle.
Le " long corbillard " est
cette image de mort et de fin terrestre qui envahit le texte.
..2. L'effondrement des valeurs
du poète
Tout ce que le poète apprécie disparaît, c'est une fin
proche et annoncée.
En effet, l'avoeu de la victoire
de l'angoisse sur l'espoir domine, avec le rejet vers18 de "L'Espoir ".
L'espoir
peut être associé à l'élévation
et l'angoisse au Spleen, les 2 valeurs de Baudelaire.
De
plus, le dernier est une sorte d'enterrement macabre qui pourrait être
le sien. En effet, son concept des synesthésies : " Les
parfums, les couleurs et les sons se répondent "est ici
totalement mis à l'écart.
Ce
macabre enterrement est sans parfums, sans couleur de par le côté sombre,
et sans " tambours ni musique ". Seuls subsistent les bruits
de " cloches en furie ", mais qui connotent le moment apocalyptique.
Le
poète est donc ici perdu et trahi, seul.
Conclusion
Pour traduire le " Mal de vivre ", le poète a exprimé la
déchéance humaine à travers un décor macabre
triste, cloitré et angoissant, lent.
C'est la description de l'état du Spleen, d'autant plus dure que le salut
est absent. L'Homme est condamné à rester dans cet état.
Cette dureté justifie le travail poétique plus fort, car seule
la poésie peut transcender ses barreaux.
Ce texte construit d'un bloc sur une métaphore illustre parfaitement le
symbolisme et les sentiments qu'affectionnait Baudelaire.
Ce style recherché fera de lui une référence et un initiateur
du genre.
Liens connexes
Biographie
de Baudelaire
Résumé:
Les Fleurs du mal
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