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L'autobiographie,
peut on vraiment tout dire?
Introduction
L'autobiographie, un genre littéraire à part
entière est selon Philippe Lejeune, « un
récit rétrospectif, en prose, qu'une
personne réelle fait de sa propre existence,
lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle,
en particulier sur l'histoire de sa personnalité. » Pourquoi
arrivons nous à distinguer deux types d'autobiographies
?
Dans un premier temps, nous verrons pourquoi les écrivains
nous confient tous leurs secrets, puis, nous parlerons
de ceux qui s'autocensurent.
Développement
Tout d'abord, l'autobiographie permet à l'écrivain de mieux
se connaître, de savoir d'où il vient donc celui ci nous livre
tous ces souvenirs. Cette quête de la transparence, de son identité,
amène l'écrivain à explorer ses origines, en particulier
l'enfance. Rousseau met ainsi en avant les principales expériences
fondatrices de sa vie comme l'épisode de la fessée ou celui
du peigne brisé dans le livre I des Confessions. Il montre ainsi les
répercussions qu'ont eus ces événements de son enfance
sur sa vie adulte et sa façon d'être. « Qui croirait que
ce châtiment d'enfant, reçu à huit ans par la main d'une
fille de trente ans, a décidé de mes goûts, de mes désirs,
de mes passions, de moi pour le reste de ma vie (.) ? » s'interroge-t-il
perplexe. La recherche des origines dans la quête de la transparence
est très importante pour revenir sur les rapports entre l'enfance
et le reste de la vie. Certes l'autobiographie permet à l'auteur d'explorer
son existence mais ce genre littéraire représente également
une sorte de jugement pour l'écrivain lui même. L'écriture
de soi répond à une quête de sa vérité intérieure, à un
examen de conscience.
L'autobiographie a besoin de se libérer de certains secrets
pour se sentir plus libre, plus sain d'esprit. Par exemple, dans Les
Confessions de Saint Augustin, celui ci nous raconte qu'il volait des
poires pour les livrer aux animaux et que ce vol représentait
un plaisir pour lui. Dans cet ouvrage, Saint Augustin dit toute la vérité car
il veut obtenir le pardon de Dieu et veut retrouver une sérénité intérieure.
Revenir sur sa vie, sur son passé font ressurgir une ligne de
conduite, l'écrivain doit donc faire sa propre introspection
et avoir plus de faits en mémoire de telle sorte qu'il puisse
analyser de façon objective sa propre personne. C'est de là qu'en
découle la psychanalyse qui permet aux hommes de s'expliquer,
de rechercher les origines d'un problème qu'il pourrait avoir
car tout le monde n'est pas capable de s'étudier de façon
objective.
L'autobiographie permet de mieux se comprendre mais
il ne faut pas oublier qu'ensuite, celle ci sera lue par les lecteurs.
C'est pour cela
que certains auteurs s'autocensurent. Faire son apologie
permet à un écrivain
de modeler son image selon sa volonté. Ainsi, Rousseau, dans
le livre II des Confessions, se présente en homme mûr dès
son enfance, s'affirmant précoce lorsqu'il écrit « mon
enfance ne fut point celle d'un enfant : je sentis, je pensai toujours
en homme ». puis, il effectue de nombreux plaidoyers en sa faveur,
notamment lors de ses quatre aveux. Il se présente comme une
victime, il est celui qui souffre, et voudrait être celui sur
l'on s'apitoie, ainsi il demande « ô vous, lecteurs curieux
de la grande histoire du noyer de le terrasse, écoutez en l'horrible
tragédie et abstenez vous de frémir si vous pouvez »,
et « lecteur pitoyable, partagez mon affliction. » il achève
ainsi de mettre le lecteur de son côté, il crée
une certaine complicité, notamment par l'humour, se tournant
en dérision. On peut presque percevoir le sourire de l'auteur
dans son écriture. L'écrivain plaisante, se fait le complice
de son lecteur et peut donc sa justifier de ses actes sans que sa bonne
image ne soit brisée mais ceci n'est pas faisable pour tous car
certains écrivains ont honte d'évènements passés
au cours de leur existence et préfère donc ne pas en parler
dans leurs ouvrages. L'écrivain ressent parfois, comme tous les
hommes, un sentiment pénible, de gêne, d'humiliation provoqué par
une faute commise, par la crainte d'un déshonneur. Ces fautes,
ces actes qui ne rendent pas fier l'auteur, ne paraissent en aucun cas
dans les ouvrages de certains car ceci pourrait nuire à leur
image. A travers les huit volumes qui composent Les Confessions, à aucun
moment Jean Jacques Rousseau parle de ses cinq enfants qu'il a tous
portés à l'Hospice des Enfants-Trouvés par manque
d'argent pour les élever. Celui ci n'a pas assumé sa paternité.
Il y a aussi le philosophe Martin Heidegger qui n'a pas écrit
son autobiographie mais qui a osé écrire un discours sur
l'Humanité alors que celui ci faisait parti du parti nazi. Afin
de laisser une bonne image de soi, on distingue deux catégories
d'auteurs : d'un côté nous avons ceux qui écrivent
des textes philosophiques qui représentent le contraire de leurs
actes.
De l'autre côté, nous avons ceux qui ne disent pas toute
la vérité dans leur autobiographie. Finalement, il n'est
pas si simple d'écrire son autobiographie en s'analysant de façon
objective. Tout le monde peut prétendre se raconter de manière
flatteuse de préférence. Il y a donc des risques de dériver
ou de plonger dans un narcissisme pur et simple sans intérêt
littéraire.
Conclusion
L'autobiographie est écrite par un écrivain, on ne s'improvise
pas autobiographe à partir du moment où on raconte sa vie. Il est
nécessaire qu'il y ait un style, une teneur. De plus, en écrivant
son autobiographie, on s'expose au risque de déformer les faits, d'en
oublier d'autres et enfin d'en inventer certains. Même si l'auteur cherche à être
honnête avec ses lecteurs, il ne faut pas oublier que la mémoire
est oublieuse alors comment être sûr de la sincérité de
ce qui est écrit ? Liens connexes
Dissertation:
Quelles
raisons peuvent pousser quelqun à écrire son autobiographie?
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