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Quels
intérêts présente la forme du
conte dans le combat des idées ou dans la
critique d'une société ?
Introduction
Etude du voyage de Scarmentado, Voltaire.
Voltaire semble être la figure qui illustre
le mieux le combat sans relâche des philosophes
du Siècle des Lumières, le 18ème.
Il s'est essayé à tous les genres,
notamment dans le théâtre, l'épopée
et l'histoire, mais c'est visiblement dans les
contes philosophiques et ses ouvrages polémiques
qu'il déploie toutes les ressources de son
intelligence, de son humour et de son ironie. Le
terme "conte philosophique" est un terme
assez complexe ; l'assemblage de ces deux mots
est paradoxal. Le mot "conte" signifie
un récit assez court d'aventures imaginaires,
tandis que "philosophique" fait référence à la
réflexion sur le sens et la légitimité de
toutes pratique. Si Voltaire a choisi ce genre,
c'est qu'il lui permettait, d'une part, de satisfaire
le goût d'un public friand d'oeuvres "merveilleuses" et,
d'autre part, de se protéger contre une
censure intransigeante.Le conte philosophique fera
donc l'objet de notre devoir puisqu'il s'agit de
se demander quels intérêts présente
la forme du conte dans le combat des idées
ou dans la critique d'une société.Nous étudierons
la méthode dont Voltaire se sert pour séduire
le lecteur par l'intermédiaire du conte
et de ses péripéties, ses personnages,
. en tenant compte de la leçon philosophique
qui permet de dénoncer ce qu'il condamne,
et sans oublier l'aspect plaisant et à la
fois instructif du conte philosophique.
Développement
Le conteur s'y prend de différentes façons pour séduire
le lecteur, tout d'abord par l'intermédiaire du conte et des éléments
du récit tels que les péripéties, les objets et les
personnages, en l'occurrence Scarmentado, personnage principal du texte.
Scarmentado est en quelques sortes le héros de ce récit. Malgré cela,
le texte ne nous fournit pas beaucoup de précisions sur ce personnage.
Scarmentado est un jeune homme assez simpliste et tout au long de ses voyages,
ne fait qu'observer curieusement les situations dans lesquelles il se retrouve.
Il ne fait pas de réflexion sur les manières de pratiquer et
de convertir les infidèles à la religion et se contente de
les décrire de manière sereine sans même être étonné de
ce qui se passe. Après s'être intéressé au personnage
principal en lui-même de ce conte philosophique, il semble important
de parler des problèmes rencontrés par ce jeune homme lors
de ses différents périples. Le récit démarre
rapidement et accélère au fil des étapes. Cependant,
le texte ne nous fournis pas d'information sur la chronologie de ses voyages
; le lecteur ne sait pas combien de temps est parti le jeune homme. On peut
relever seulement une marque de temps qui est la suivante : "je restai
là six semaines" ligne 34. Le jeune Scarmentado visite de nombreux
pays tels que la Hollande, l'Espagne, la Turquie, la Perse, mais partout
où passe ce jeune homme, il accumule les ennuis et sa liberté est
freinée par des autorités religieuses aussi intolérantes
que répressives. En effet, à maintes reprises, il risque sa
vie: on l'emprisonne en Espagne, il risque d'être pendu, d'être
empaler en Turquie pour son refus d'être circonscrit, par exemple ,
mais rattrape ses erreurs par le biais de l'argent. Le conteur attire également
l'attention de son lecteur en le faisant voyager par l'intermédiaire
de ce récit et des voyages du jeune Scarmentado. En effet, il dépayse
le lecteur en lui permettant de s'évader par la lecture. On remarque
plusieurs indices qui permettent de le justifier, tels que par exemple des
mots typiquement arabes ou espagnols : "Alla Illa Alla" ligne 68,
des mots qui qualifient des personnes étrangères : "vizir" ligne
60, "iman" ligne 71, "cadi" ligne 72, mais également
des moyens de transports "galions" ligne 13. Ce dépaysement
est une bonne méthode qui permet à Voltaire et aux autres philosophes
de faire passer plus facilement leur façon de pensée. Il ne
faut tout de même pas passer outre le fait que ce conte a, avant tout,
une portée philosophique et permet à Voltaire de livrer et
de dénoncer au public ses observations et ses commentaires sur la
société de son époque. Comme on l'a vu précédemment,
quelque soit le lieu où il se rend, Scarmentado paye sa liberté.
Il commet de nombreuses erreurs en rapport avec la religion. Le conte philosophique "L'Histoire
des Voyages de Scarmentado" 'est donc un bon exemple pour montrer au
lecteur de quoi sont capables les autorités religieuses pour convertir
certaines personnes, en l'occurrence porter atteinte à la vie des
infidèles. C'est, en l'occurrence, la leçon que Voltaire veut
faire passer par le biais de ce texte. En fait, Voltaire invite le lecteur à prendre
conscience de l'imperfection humaine et de l'omniprésence du mal sur
la terre. L'homme ne supporte pas la différence, c'est pour cela qu'il
punit ceux qui ne lui ressemblent pas, ceux qui pensent différemment
de lui, par de nombreuses façons telles que l'emprisonnement, la mutilation
(son voyage en Hollande constitue un bon exemple) ou même le fait de
les brûler et de les noyer. L'homme est cruel, féroce, intolérant
et hypocrite. Les contes philosophiques sont tout de même rédigés
de façon à faire rire le lecteur. C'est pourquoi Voltaire,
dans son conte, a utilisé des registres différents ainsi que
le procédé de l'ironie. Voltaire n'évoque pas ouvertement
ses points de vue à propos des maux dont souffrent la société.
C'est au lecteur d'en tirer la leçon par les différentes réflexions
ou observations que fait l'auteur tout au long de son récit. L'utilisation
de ce procédé est bien vu de la part de l'auteur et permet
au lecteur de s'impliquer dans le texte et de ce fait ne pas s'ennuyer lorsqu'il
lit. D'une part, Voltaire utilise le procédé de l'ironie. L'ironie
consiste à dire le contraire de ce que l'on pense pour faire comprendre
son opinion et à discréditer la thèse adverse. Prenons
pour exemple un passage de "l'Histoire de voyages de Scarmentado",
ligne 57 "les bonnes gens que les Turcs". Elle sert à critiquer
des personnes ou des idées, à les dénoncer en en soulignant
l'absurdité. Ses principaux procédés sont l'antiphrase
comme par exemple, "m'embrassèrent tendrement" ligne 32, "avec
une affection paternelle" ligne35, la litote, la périphrase,
la juxtaposition de proposition contradictoires, la fausse naïveté telles
que "je lui dis que c'était délicieux, et j'allais presser
mes compagnons de voyage de quitter ce pays". D'autre part, Voltaire
joue sur les registres. En règle générale, on remarque
une forte dominance du registre ironique, qui permet dans de nombreuses situations
de ridiculiser les autorités religieuses. Cependant, quelques fois,
Voltaire met l'humour de côté pour laisser place au pathétique,
aux faits saisissants et émouvants qui sont en rapport avec des personnes
bel et bien réelles . Pour conclure, l'oeuvre tout entière
de Voltaire est la manifestation d'une pensée de philosophe, celle
d'un homme qui s'interroge sur la destinée et sur la société,
et d'un homme qui se bat pour ses idées. Car, pour Voltaire, il ne
doit pas y avoir de différence fondamentale entre la pensée
et l'action : l'écriture est en effet une arme mise au service des
causes qu'il défend et, chez lui, le plaisir du conteur est toujours
subordonné au désir de diffuser ses idées et de convaincre.
C'est ce que l'on a démontré tout au long de ce devoir. Pour
répondre à notre problématique, la forme particulière
du conte philosophique permet de présenter au lecteur la critique
d'une société sous la forme d'un récit instructif mais à la
fois plaisant, tout en utilisant la façon de séduire le lecteur
par le dépaysement. En outre, Voltaire a continué sa lutte
philosophique dans d'autres contes intitulés Candide et Zadig. De
même, certains auteurs modernes ont donné au conte philosophique
la dimension d'un roman comme par exemple Le Petit Prince de Saint-Exupéry
ou l'Alchimiste de Coelho.
Liens connexes
Dissertation
Le combat des lumières est-il toujours d'actualité?
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