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Madame Bovary
Résumé
Charles Bovary, officier de santé médiocre
malgré de laborieuses études, épouse
en secondes noces Emma Rouault, la fille d'un
gros fermier des environs de Tostes, petit
village normand où il a ouvert son cabinet.
D'une sensibilité romanesque exacerbée,
la jeune femme a cru que le mariage allait
lui ouvrir les portes de ce monde de "félicités" que
ses lectures d'enfance lui avaient fait miroiter.
Mais, très vite, elle ne peut supporter
la médiocrité de son mari, de
ses relations et de la vie de Tostes faite
de routines désespérantes. Une
invitation à un bal donné au
château de la Vaubyessard lui a d'ailleurs
prouvé qu'il peut exister une "autre
vie", de passions, de luxe et de "noblesse".
Constatant le dépérissement de
sa femme, Charles décide donc de "changer
d'air" et accepte un nouveau poste dans
le gros bourg de Yonville-l'Abbaye.
Malgré un bref dépaysement, Yonville se révèle pourtant à Emma
comme un autre Tostes. Le petit monde du village, dominé par les personnalités
du pharmacien Homais et du curé Bournisien, respire encore la bêtise
et la mesquinerie. La jeune femme croit pourtant trouver un dérivatif à son "ennui" en
la personne du jeune clerc de notaire, Léon Dupuis, dont les allures de
jeune romantique la séduisent. Mais celui-ci quitte le village pour Paris,
puis Rouen sans avoir osé se déclarer. Après une période
de profonde dépression où alternent caprices et colères,
Emma se prend, lors des comices agricoles de Yonville, d'une passion effrénée
pour Rodolphe Boulanger, un hobereau des environs aux allures de dandy. Homme à femmes,
celui-ci est vite impressionné par les excès passionnels d'Emma
et rompt brutalement avec elle après quelques mois d'une liaison exaltée.
Quand Emma se remettra physiquement de cette seconde rupture, ce sera pour se
lancer avec frénésie dans une vie de dépenses et de désordres
qui inquiètent Charles...
Aux origines du livre
En septembre 1849, Flaubert, qui n'a pratiquement rien publié, convie
dans sa maison de Croisset ses amis Maxime Du Camp et Louis Bouilhet à une
séance de lecture. Il veut connaître leur opinion sur l'ouvrage
auquel il travaille avec passion depuis 1847, la Tentation de saint Antoine.
Effarés par le lyrisme et l'imaginaire exubérants de cette œuvre,
les deux "juges" en déconseillent formellement la publication
et invitent son auteur à se tourner vers un sujet plus "familier",
loin de toutes formes de "divagations".
Selon Du Camp, c'est Louis Bouilhet lui-même qui aurait suggéré à Flaubert
d'exploiter un fait divers contemporain, l'histoire des époux Delamare,
que l'on peut résumer ainsi : ancien élève du père
du romancier, Eugène Delamare, officier de santé, veuf d'une femme
beaucoup plus âgée que lui, épouse en secondes noces Alice-Delphine
Couturier, une jeune normande, rêveuse et fantasque. Dès l'installation
du couple dans la petite commune de Ry, la jeune épouse s'éprend
d'un bellâtre local, puis un peu plus tard de Louis Campion, le clerc de
notaire. Endettée, malade, la jeune femme meurt à vingt-sept ans
sans que l'on sache avec certitude si elle s'est suicidée. Eugène
Delamare mourra l'année suivante, laissant orpheline leur petite fille.
Flaubert emporta avec lui ce sujet lors de son voyage en Orient (1849-1851),
mais ne commença à le mettre véritablement en œuvre
qu'à son retour à Croisset.
Du "supplice" au
triomphe
La Correspondance de Flaubert des années 1852-1856
témoigne des difficultés d'une rédaction "proliférante",
que le romancier ne cesse d'émonder et de retoucher, pour arriver,
après nombre de séances de "gueuloir" et de
corrections, au manuscrit que nous connaissons, avec ses trois parties
et ses trente-cinq chapitres. Envoyé à Paris en mai
1856 pour paraître en plusieurs fois dans la Revue de Paris
par les soins de Du Camp, le roman ne vit sa publication débuter
qu'à la fin de l'année, en raison de nouvelles "coupes" exigées
par les éditeurs, inquiets devant "l'audace" de certaines
scènes.
En dépit de ces suppressions et malgré le soutien de personnalités
comme Lamartine, Flaubert fut pourtant traduit en justice au début de
1857, pour offense à la morale publique dans des tableaux "lascifs",
et offense à la morale religieuse "dans des images voluptueuses mêlées
aux choses sacrées..." Le réquisitoire du substitut Pinard,
tristement célèbre pour avoir requis la même année
contre Les Fleurs du mal, de Baudelaire, ne fut pourtant pas suivi par les juges,
qui acquittèrent Flaubert, son éditeur et son imprimeur.
Auréolée de toute la publicité du procès, la première édition
intégrale du roman (15000 exemplaires) fut épuisée en quelques
semaines. C'était le début d'un immense succès de librairie.
Consultez également une fiche de lecture de Madame Bovary sur Fichesdelecture.com
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Biographie
de Flaubert
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