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Rimbaud
Lettre du voyant

Introduction
A Paul Demeny : une lettre privée, mais un contexte de communication plus large.
Influences et originalité dans la conception de poète et de la poésie.

Ce texte n’était pas prévu à la base pour la publication, c’est une démarche encore embryonnaire et inachevée traduite notamment par la forme elliptique des propositions.
Avant : réflexions sur l’évolution de la poésie. Seule la poésie de la Grèce antique et quelques romantiques trouvent grâce à ses yeux.

I/ "Je est un autre"

..1. Différenciation, dédoublement
- Sur le romantisme : péremptoire : « on a jamais » (on = critiques). Relations critiques et œuvre qui mettent en évidence l’incompréhension des journalistes : ironie et mépris. Rimbaud ne disserte pas, les phrases sont elliptiques. Mise en évidence du décalage pensée/œuvre (« Les romantiques ? »), la création échappe à son auteur…
- « Je est un autre » : postulat péremptoire et surprenant par le paradoxe : « je », subjectivité et intimité, une différenciation étrange. L’individu est traversé par une pensée qui le dépasse, le poète doit s’en faire le relais, et ne pas se focaliser sur sa propre personne. Lettre à Izambard : « votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse ».

..2. Démarche : connaître et cultiver son âme
- Deux illustrations : métaphore musicale : le cuivre, matériau brut (métaphore filée) et son cas particulier (importance du « je ») => le pouvoir de création s’impose et échappe au poète : « je suis né poète, je me suis reconnu poète, ce n’est pas du tout de ma faute » (lettre à Izambard).
« s’éveiller, éclore » : manifestation de l’inconnu, comme de son propre mouvement. « j’assiste à ma… » : dédoublement. « je la regarde, je l’écoute » : deux propositions brèves et parallèle : spectateur, extérieur, attention accrue : le poète se met à la disposition de la pensée.
Pensée = action : « un coup d’archet » contre « symphonie » : caractère involontaire de la création. Un long travail de gestation (« dans les profondeurs ») ou une illumination qui s’impose.
- Définitions des voies d’accès : « veux » : être poète suppose un choix. Rimbaud mène une étude approfondie (champ lexical) dont il est lui-même le principal objet : « âme ». Tâtons : gradation ascendante des verbes. Une connaissance jamais achevée : « doit la cultiver » : injonction.
- Mépris pour ceux qui s’autoproclament (sans être) : égoïsme contre « je est un autre », distance critique.

..3. Cultiver l’extraordinaire
- Tiret + « mais » : autre aspect pratique, description imagée : « se faire », réfléchi (= « cultiver »), « âme monstrueuse » : monstre : ce que l’on montre, l’hors norme. Montrer son âme ? oxymore : cultiver l’extraordinaire sans soucis des conventions.
Un premier exemple : les comprachicos, voleurs d’enfants qui les mutilaient pour un bénéfice = poète. Cette comparaison est choquante. Rimbaud pousse la provocation avec les verrues : connaître et cultiver son âme au delà des impératifs esthétiques ou moraux, un écho au paragraphe précédent.

II/ Il faut être voyant

..1. Être voyant
- « Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. » : reprise de l’évolution précédente. Le VOYANT. Ecarter le sens ésotérique ? voir l’invisible, entendre l’inouï, dépasser les apparences pour révéler l’inconnu.
- Moyens et limites du poète : comment, pourquoi et jusqu’ou ? (lignes12-18)
« le poète se fait voyant… » : perception renouvelée. Voir le monde comme il n’a jamais été vu, avec une candeur originelle = enfant. Créer des correspondances entre les sens : cf. Baudelaire. « long, immense » : difficulté. « raisonné dérèglement »: oxymore. Conserver assez de lucidité, garder la maîtrise de soi. Une proposition elliptique : « toutes les formes » : tout embrasser, pas de limites : souffrance, folie. Quintessence + poisons : tous les sujets sont bons : transfigurer le réel. « tu m ’as donné ta boue, et j’en ai fais de l’or » (Baudelaire à Dieu).

..2. Résultat
- Allitérations en f : travail au sens étymologique (instrument de torture) + « ineffable » : c’est à ce prix qu’on devient poète. Deux propositions parallèles, « force et foi », anaphore de « toute » + surhumaine : dépasser les limites de l’homme. Il devient ainsi marginal, expressions hyperboliques en asyndète, d’abord le point de vue négatif de la société, puis une autre perspective : la sienne, rupture du tiret, majuscule et !: registre laudatif, hyperbole. « car » explicatif, inconnu en italique : le voyant se donne ainsi les moyens d’accéder à l’inconnu.

..3. Limites
- Allitérations ff/vv. Conditionnel, possibilité de l’échec, de la mort qui n’effraie pas : un mouvement (« bondissement ») perpétuel : futur, anticipation. « affolé, perdre, crève, affaissé » : limites, défaite du poète contrebalancée par l’espoir, poursuite de l’aventure : la notion de progrès en poésie (surréalisme et héritage).

III/ Le poète "voleur de feu" et porteur de progrès

..1. Voleur de feu
- « donc » : conclusion « voleur de feu ». Prométhée vola le feu aux Dieux. Ainsi les hommes deviennent presque = (supplice perpétuel). Comparaison glorieuse, le rôle du poète : l’« invention » pour tous, hommes, animaux (mouvement inversé : embrasse tout). « chargé ».
Trois infinitifs : référence à tous les sens (Correspondances de Baudelaire). « là-bas », référence à l’inconnu.

..2. Inventer une langue
- De la nature de la création à l’outil de transmission poétique. « trouver » : inventer une langue reflet de l’inconnu.
- Prophétie : futur : « le temps viendra ». « toute parole étant idée » : influence de la Cabbale, correspondance magique nom-objet. La parole est à la fois fin et moyen. Des propos satiriques : les académiciens fossiles, une conception opposée du langage.

..3. Le poète et le progrès
- Dernier paragraphe : langue totale qui ne sépare pas expression et perception. Le poète est catalyseur de progrès, un rôle irremplaçable dans la marche de l’Humanité (Hugo, préface Des Rayons et des Ombres), « énormité » = hors norme, « absorbe ».
=> La langue, outil de communication pour l’Humanité, plus qu’un outil pour s’exprimer, est une fin en soi. Une action : « la pensée… accrochant et tirant… », un langage à inventer, celui des correspondances de Baudelaire.

Conclusion
Rapprochements:
Baudelaire, Les fleurs du mal, « La Mort » : Le voyage :
« Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou ciel, qu’importe !
Au fond de l‘Inconnu pour trouver du nouveau. »

Le poète de 7 ans, le bateau ivre, le poison, le feu : héritage poétique, Rimbaud prend la suite là où Baudelaire s’est « affaissé ».

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